Parmi les possibilités du MashUp, la réécriture de la trame narrative est un élément central. Le MashUp comme remake détourne dans la forme des œuvres déjà connues pour apporter un nouveau montage, et une nouvelle construction. Or, comme le disait Victor Hugo avec une justesse absolue, la forme, c’est le fond qui remonte à la surface. Ainsi, si la forme est changée, le fond en est impacté, et le MashUpeur n’est pas seulement un technicien plastique, mais également un créateur de nouvelles histoires.
Revenons aux origines. Remake est le terme générique qui désigne un film adapté d’un film existant précédemment. Le nom est substantivé du verbe remake qui signifie littéralement « refaire » (eh ouais !). Alors forcément, la philosophie du « refaire » imprègne profondément le MashUp, mais lorsqu’on parle de remake, il s’agit d’une réfection à partir du matériau original. Pour les remakes réalisés par l’industrie cinématographique, on se basera sur un scénario, ou une histoire déjà éprouvée, auparavant ou dans un pays différent.
L’exemple sur lequel m’a été le plus donnée l’occasion de discuter est le film I am Legend, de Francis Lawrence, réalisé en 2007 et remake du film The Omega Man, de Boris Sagal, de 1971, lui-même remake de The Last Man on Earth, réalisé en 1964 par Ubaldo Ragona et Sidney Salkow, et adapté du livre I am Legend, de Richard Matheson. Des films très différents dans leurs thématiques adoptées et dans leur représentation du monde, mais aussi dans leur technique et leurs enjeux narratifs.
Puisqu’on parle de MashUp, on va s’intéresser ici aux remakes basés uniquement sur des oeuvres existantes et ne s’appuyant que sur ces dernières. La réutilisation d’un matériau existant pour proposer une technique nouvelle. Si Star Wars a fait la une durant les précédents mois, j’ai été étonné par une phrase de Julien Lahmi dans une chronique pour le Dailymars intitulée Et si Anakin avait connu un autre système de droit ? où il déclarait « Dans un monde idéal, j’aurais fait un bien meilleur montage de l’épisode 1« . Il m’est alors apparu le fait que la notion de remake était une attitude engagée qui participe de l’expérience du cinéma. Bien entendu, j’ai cherché à me renseigner sur les initiatives existantes. Et si elles sont peu nombreuses, il y en a. Et visiblement, l’envie d’en faire est souvent palpable.
Hommage collatéral
J’ai déjà eu l’occasion de parler du MashUp et de la prédominance de Star Wars dans les oeuvres rencontrées. Alors si Star Wars Uncut a déjà été présenté sur le site, il n’empêche que son importance est tout à fait significative. À la fois MashUp et remake, il est un des représentants les plus originaux formellement des films suédés. Ici, le remake est un hommage collatéral, et le film, réalisé plan par plan, est techniquement différent mais jouit d’un montage similaire. Copie parfaite ou réappropriation par le public d’une oeuvre dans son entièreté, Star Wars Uncut se place dans les deux catégories et propose un remake original et fantastique dans son approche de faire la même chose avec du bric et du broc.
Ceux qui montent au créneau
Mais dans les remakes, il n’y a pas que des hommageurs qui refont le film pour lui rendre hommage, il y a aussi le pendant des fans. The Hobbit Biblical Cut en est un représentant fier et fort. Car si The Hobbit, la trilogie de Peter Jackson est une adaptation de l’oeuvre de Tolkien, il s’est trouvé des fans de l’univers de Tolkien pour reprocher la forme des films par rapport au matériau d’origine. Ainsi, les défenseurs de The Hobbit Bilical Cut sont des fans du livre, mais pas du film. Si vous n’avez pas entendu parler de l’initiative The Hobbit Biblical Cut, sachez qu’il s’agit d’une volonté de ces fans déçus par les films de monter à nouveau la trilogie afin de la rendre plus proche du livre de J.R.R. Tolkien. La trilogie de 8h devient alors trois films de 3h20.
Vous pourrez découvrir les films sur les sites qui leur sont dédiés.
Finalement, lorsqu’on s’intéresse de près aux films édités par les fans, on trouve de nombreux films réalisés différemment, seul le montage change, mais l’effet sur la narration est parfois saisissant et montre que la manière de raconter une histoire est très importante. Ce qu’on compris de nombreux projets parmi lesquels on pourra nommer :
– The Matrix deZIONed qui monte la trilogie Matrix sans références à la ville de Zion :
– Star Trek – Kirkless Generation qui reprend Star Trek : Generation en en enlevant les passages d’un personnage central, le capitaine Kirk :
Il existe de nombreux films re-montés, et chaque projet apporte une originalité et une vision particulière du film détourné. Mais si les films remakés à leur sauce par des fans sont peu nombreux comparés aux sorties cinéma, n’oublions pas qu’en chacun de nous dort un MashUpeur, et qu’il y a autant de remake en devenir que de spectateurs.