Un certain cinéma amateur a investi la toile et a fait muter son paradigme : son outil central de fabrication est désormais l’ordinateur, son langage le montage et son public « familial » se trouve sur Youtube ou Facebook. Il fait des films sans caméra, grâce au matériel filmé par d’autres qu’il manipule et organise d’une manière toute personnelle. L’amateur fourmi du XXème siècle tournait des images. L’amateur araignée du XXIème les tisse.
Et si cette nouvelle génération de cinéastes amateurs était plus en phase avec notre monde numérique que le cinéma professionnel ? En nous incitant à sauter d’un lien hypertext à un autre, Internet nous fait creuser désormais à l’horizontal, par associations. De plus, les archives s’ouvrent et de multiples trésors audiovisuels sont désormais accessibles en quelques clics au grand public (le petit nouveau POND5 en est un bel exemple). Dans ce maelström d’images, la question ne serait pas comment un cinéaste amateur peut aujourd’hui faire des films qui parlent de lui avec les images des autres mais plutôt comment peut-il faire sans.
Le mashupeur (amateur ou professionnel) n’aurait-il pas mieux compris l’explosion du noyau familial et l’hybridation du monde actuel, la libre circulation des images et le « do it yourself » de l’après capitalisme industriel ?
Entretien avec Joris Faucon Grimaud