« BOW TIES AND MASHUP ARE COOL » : LE MASHUP DANS LA SÉRIE DOCTOR WHO

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La plus longue série de science-fiction existante à ce jour, et éminemment populaire depuis 2005, n’échappe pas aux détournements. Son concept de voyage intergalactique et intertemporel renouvelé à chaque épisode, allié à son ton enlevé et fantaisiste, pousse les artistes à s’emparer aisément de l’icône britannique pour les alliages les plus logiques ou bien les plus surprenants. Des croyants purs et durs de la fiction aux satiriques n’ayant pas peur de ridiculiser la figure, l’éclectisme persiste pour les mashups du plus intemporel des voyageurs temporels. Alors, surveillez le souffle d’une cabine téléphonique, saisissez vos tournevis soniques et « Allons-y ! ».

Le Docteur est un personnage extraterrestre, le dernier Maître du temps de sa lignée, qui voyage à travers le temps et l’espace à bord de son vaisseau, le TARDIS. Accompagné de passagers humains, il traverse multiples planètes variées et saute de temps réels à fictifs. Création britannique faisant date dans l’histoire de la série, Doctor Who est porté par de célèbres symboles, mais est aussi éminemment ouvert aux réécritures et aux variations. Un autre principe le définit aussi, celui de la régénération du personnage, à savoir son changement d’enveloppe corporelle – qui trouve son équivalent dans le choix d’un nouvel acteur et donc le début d’une autre saison. En cela, Doctor Who est, à l’inverse d’un Retour vers le Futur qui est une trilogie totalement clôturée, un concept pouvant se décliner à l’infini.

Mais avant, il est nécessaire d’en passer par un petit historique de cette série singulière qui, en réalité, se divise en deux périodes de diffusion. Doctor Who est créé en 1963 pour la BBC et vit son petit succès jusqu’en 1989. Sa diffusion est cependant difficile à l’étranger et la série est d’abord culte pour les britanniques, ainsi que les grands amateurs de science-fiction. Quelques résultats décevants d’audience et un concept qui s’essouffle achèvent le projet en 89, et Doctor Who aurait presque pu rester un de ses anciens shows télévisuels populaires des années 1970-80.

A partir de 2005, le désir des deux producteurs que sont Andrew T. Davies et Julie Gardner permet de lancer une deuxième série Doctor Who, à ce jour encore active. Les changements médiatiques, la popularité croissante des séries britanniques – au même moment sont lancées Sherlock et Downton Abbey – facilitent le phénomène, qui devient vite viral au niveau international. Doctor Who, qui constituait auparavant une valeur nostalgique pour les fans de science-fiction ou les enfants de l’époque de la première diffusion, devient une série britannique incontournable, également plébiscitée à l’étranger.

Évidemment, dans le cadre d’une pratique aussi contemporaine que celle du mashup, les reprises les plus massives s’attachent aux Docteurs de cette deuxième série populaire, du 9ème au 12ème.

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L’absurdité et la fantaisie propices aux détournements.

Ce n’est pas uniquement sa valeur populaire qui garantit à Doctor Who son ouverture aux parodies, pastiches, relectures de fans, clins d’oeil et mashups. La série est, d’essence, un espace fluctuant entre des motifs uniques et une variété d’univers et thématiques traversées. La logique même du voyage intergalactique et intertemporel fait de Doctor Who un foisonnant carrefour des imaginaires historiques et fictionnels, renvoyant à de nombreuses mythologies et cultures populaires. Mais certaines icônes demeurent : le TARDIS, qui prend la forme d’une ancienne cabine téléphonique de la police ; le tournevis sonique ; les costumes excentriques et les deux cœurs du Docteur ; les nombreuses phrases fétiches (l’une est par ailleurs déjà détournée dans le titre de cette étude!) ; ou encore des ennemis comme les Daleks et leur slogan « Exterminate ! ».

Ces motifs sont les premiers signes détournés et repris. La commercialisation de nombreux produits dérivés aide en cela, multipliant les tee-shirts parodiques ou contenant des « catchphrases », proposant des objets aux icônes déclinées. Quiconque entre dans une boutique de bandes dessinées et comics peut aisément tomber sur ces produits et d’emblée avoir accès à une forme de « mashup commercial ». Certains symboles du Docteur, comme le TARDIS ou les Daleks, facilitent en outre le principe par leurs formes très aisément reconnaissables.

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On peut également trouver une multitude de ses motifs dans de nombreux détournements picturaux, jouant de contrastes ou bien de corrélation entre des termes ou des univers. Le principe semble évidemment aussi présent pour d’autres séries ou films actuels, mais il devient particulièrement pléthorique chez Doctor Who. Tout d’abord parce que la série, étant ancienne, propose une liste plus large de protagonistes, de thèmes ou de paysages que d’autres ; ensuite parce que son ton éminemment décalé aide à ce flirt et ces combinaisons. La fantaisie très britannique de Doctor Who stimule en quelque sorte les imaginaires, et ce beaucoup plus que des compères comme Star Trek. Dès lors, le TARDIS peut entrer partout, dans tous les lieux graphiques possibles.

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(Et pour aller plus loin… http://doctorwhoart.tumblr.com/)

 

S’il est une comparaison intéressante par rapport à cette aura de Doctor Who et ce que la série inspire, ce serait l’imaginaire Disney / Pixar. Cette comparaison entre surtout en jeu avec la nouvelle série, plus versée dans le merveilleux que celle de 1963, et qui dégage une forme d’enchantement, de magie, ceci combiné à une vision relativement optimiste des idées de destinée et d’avenir. En outre, la série catapulte ce qu’il y a de plus essentiellement britannique là où Disney diffuse une idéologie purement américaine ; les deux sont donc proches dans leur promotion d’une culture nationale à travers un filtre divertissant. Ce mashup entre des personnages de Disney et Doctor Who restitue complètement cette idée d’un enchantement commun.

Le Docteur est ensuite une matérialisation plus adulte et science-fictionnelle du personnage de Peter Pan (créé par JM Barrie et adapté par Disney), et nombre sont les croisements à ce sujet. Le maître du temps devient vite une métaphore de la croyance enfantine, et de l’affranchissement des barrières entre réalité et fiction. Ce personnage, parce qu’il est si « Peter Panesque », enjoindra beaucoup de fans, comme on va le voir ensuite, à tenter de le faire exister concrètement par des détournements souvent absurdes.

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L’un des derniers attraits que les détournements de Doctor Who vont partager avec Disney, c’est une dimension éminemment musicale. La série d’origine a en soi ses petites singularités musicales. Elle est la première à introduire la musique électronique à la télévision, par son célèbre générique psychédélique resté intact au fil des années. En outre, Doctor Who a inspiré de nombreux groupes des années 1980, comme l’éphémère Dalek I Love You, mais aussi The Art Attacks, Iron Maiden et Pink Floyd. Mais étrangement, ce ne sont pas sur ces qualités que les artistes s’attardent. Les mashup les plus nombreux sont ceux qui soit usent des chansons populaires ; soit réutilisent les thèmes Disney pour les rythmer avec l’imagerie de la série. Ces derniers sont particulièrement surprenants car ils appellent à la relation entre un produit purement britannique et une pratique typiquement américaine du musical façon Broadway. Cette proposition, qui utilise plusieurs chansons, se révèle dans ce genre plutôt amusant puisqu’il met en perspective le 9ème Docteur regardant les actions du 10ème, sur un montage musical, à la télévision.

Parallèlement est présente une pléthore de vidéos se nommant les « CrackVid ! ». Celles-ci sont de mini-remontages des moments les plus significatifs, comiques ou tragiques, des dernières saisons, rythmés par des chansons populaires. La pratique, surtout issue des Etats-Unis ou de la Grande-Bretagne, joue sur la pente ironique, pour éclairer telle excentricité du Docteur, tel gag répétitif de la série ou telle incohérence de sa construction. On se retrouve ainsi face à des mashups qui sont des collections de « supercuts » pour les fans, où il s’agit de faire ressortir les singularités de chacun des Docteur, d’isoler les gestes symptomatiques des différents comédiens, voire de soulever des ambiguïtés.

Ces pratiques, qu’elles soient picturales ou musicales, interprètent la série sur un mode ludique, pimpant, fantaisiste. Néanmoins, elles sont particulièrement à l’oeuvre parce que les derniers Docteurs proposés par la BBC, en particulier les 10ème et 11ème, furent les plus comiques et « cabotins », d’une certaine manière.

 

La popularité des derniers Docteurs : pouvoirs de la fan fiction

Evidemment, comme avec beaucoup d’icônes populaires, les mashups les plus nombreux sont issus de la sphère des fans. Doctor Who n’échappe pas à la règle, notamment parce que les compagnons de la nouvelle série sont souvent des londoniens quelconques des années 2010. S’imaginer apercevoir la cabine dans la rue ou voyager aux côtés du Docteur devient alors vite un rêve qu’il faut rendre réel.

Cependant, dans cette logique très disneyienne, l’aura charismatique et magique d’un Maître du temps capable de traverser l’imaginaire stimule des créations pétries de croyance. Le mashup devient outil de concrétisation de cette fiction, moyen de sortir du canevas télévisuel et d’inscrire le Docteur dans une réalité. De la même manière, de nombreux internautes ont tenté de rechercher des équivalences aux personnages Disney dans le monde réel – jusqu’à utiliser Photoshop ou le morphing. Ici, le personnage britannique se matérialise par tous les moyens dans la réalité. L’icône du TARDIS en est la première touchée, puisque la cabine, tout comme elle pouvait s’incruster dans les univers graphiques, peut se planter dans la réalité. De nombreuses photographies truquées laissent entrevoir ainsi la possibilité d’un voyage in real-life du Docteur.

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Le mashup devient étape supérieure pour entretenir une illusion de fan, et recréer de nouvelles aventures adaptées à soi. Il existe en outre beaucoup de reconstitutions, de parodies, de relectures alternatives… La croyance peut même aller très loin, car certains vont même jusqu’à assumer l’existence réelle du Docteur. Cette absurde vidéo, dont les auteurs se prennent très au sérieux, prétend aligner des preuves non retouchées – mais le résultat est surtout un ahurissant montage de fonds photographiques divers avec des commentaires sans fondement. Doctor Who est, en quelque sorte, devenu l’équivalent des UFO – des objets volants non identifiés. Si ce personnage passe-muraille crée autant de conviction, c’est parce qu’il est l’alliage parfait entre l’imaginaire et une précise réalité londonienne, également entre la science et la fantasy.

https://www.youtube.com/watch?v=POrA8scFKMs

Une autre pratique récurrente, et bien plus enrichissante, est celle de faire croiser divers personnages de la série qui, normalement, ne le devraient pas. Le vivier des saisons est important, entre les différents compagnons, Docteurs, antagonistes… Certains s’amusent à recréer des jeux de montages et de raccords pour proposer des mini-récits alternatifs, comme celui-ci où le 10ème entre en collision avec le 9ème Docteur.

https://www.youtube.com/watch?v=wLd7PhJMkTA

Une des créatrices les plus avides de ce genre de mixité des différents épisodes et protagonistes reste la Youtubeuse Lily and The Rose. Les montages, souvent clipesques, ré-imaginent les relations dans différents contextes. L’un d’entre eux est particulièrement au-dessus du lot car il travaille non seulement des plans de la série, mais aussi ceux d’autres séries dans lesquelles les acteurs ont joué. S’y retrouvent donc les célèbres interprètes dans des costumes d’époque pour des séries historiques, ou alors beaucoup plus jeune car renvoyant à d’anciens téléfilms. Sur l’air d’une chansons de Bowling for Soup, le petit projet développe en outre un discours très amusant à l’égard des ficelles narratives de Doctor Who. Il fait du plus jeune des Docteurs (le 11ème, joué par Matt Smith), un transi amoureux ignoré par le premier compagnon iconique de la deuxième série, Rose Tyler. La création de cette relation frustrée est particulièrement bien pensée car le personnage de Rose n’a justement rien à voir avec les saisons où s’étale ce 11ème Docteur. Tout ceci s’interprète comme une tentative de faire croiser deux arcs narratifs de Doctor Who, par le biais du filtre relationnel et du thème du rendez-vous manqué. De plus, le choix de Rose Tyler demeure évident pour incarner la femme fatale, car Billie Piper, l’actrice, est une égérie adulée en Angleterre.

 

Implanter le TARDIS dans les autres univers

Au-delà de cette dialectique interne, la série a droit à son lot de rencontres extérieures. Le TARDIS, parce qu’il joue sur la possibilité d’atterrir en de nombreux terrains inconnus, devient une porte d’entrée facile pour les croisements avec d’autres franchises populaires. Il devient très aisé d’incruster une petite cabine au cœur d’un épisode de Star Trek ou encore un Docteur courant entre les plans de Star Wars. Beaucoup de montages imaginent ainsi des dialogues entre l’équipe de Spock et le Docteur face à ses commandes, d’autres des trailers de Star Wars revisités.

Mais une franchise avec laquelle la confrontation prend beaucoup de sens, c’est celle de Back To The Future. Alors que les deux partagent le commun thème de l’espace-temps traversé, et par-là des paradoxes temporels et des risques de perturbations des timelines de la terre (ou de l’univers), chacune demeure l’exact opposés de l’autre. Voyage très géo-localisé, limité en trois actes avec ses variations précises pour l’un ; départs constamment renouvelés et infinités d’espaces et d’époques pour l’autre. En outre, la modernité américaine du premier, avec sa voiture trafiquée et ses nombreux anachronismes, contraste avec la vieille quelconque cabine de l’autre, plus versé dans le vintage et la nostalgie. Mais, parce que les deux sont iconiques et aussi antithétiques, les mélanges parviennent à convaincre. En témoigne ce trailer qui joue sur l’ambiguïté entre le nom du Docteur et le fameux « Doc ! » scandé par le héros du film de Zemeckis.

Les abondantes fausses bandes-annonces recherchent d’abord la fluidité et la cohérence ; et non forcément un contraste inattendu. Curieusement, créer le mashup dans un cadre cinématographique doit avoir une certaine valeur, comme si le projet pouvait se concrétiser. Il se démarque ainsi avant tout des propositions établissant des liens entre des films à thèmes ou acteurs similaires. Ce trailer, qui réinvente un nouvel opus d’Harry Potter, mixe le caractère magique – et britannique ! – des deux séries et s’appuie sur un comédien commun, David Tennant, qui joue Barty Croupton Jr dans l’un et le populaire 10ème Docteur dans l’autre.

A l’inverse, ce sont les génériques ou les petits détournements avec incrustations qui vont composer le pan comique ou ironique, à l’instar de Game Of Thrones dans un précédent article. Cependant, les alliages les plus surprenants sont ceux qui introduisent la vulgarité soudaine dans cet univers qui, s’il est parfois empli de sous-entendus, préfère créer ses subversions par le biais d’un humour britannique et de nombreux euphémismes. La rencontre entre le 10ème Docteur et un Ted plus qu’explicite ne pouvait donc faire que des étincelles. Là encore, c’est la contenance anglaise qui entrechoque l’outrancier américain.

Certains exemples vont ensuite user des sources externes pour se reconcentrer sur la série elle-même. Le mashup crée alors des anticipations, voire dépasse les attentes des fans. Dans ce teaser, le vidéaste s’est amusé à imaginer le rôle de Peter Capaldi en tant que 12ème Docteur. La vidéo a été créée au moment même où le nom de l’acteur venait d’être révélé pour la dernière saison, et que le tournage n’avait même pas encore débuté. C’est l’utilisation de plans du film In The Loop, où Capaldi joue un ministre colérique, qui compose l’illusion et prépare au changement.

Enfin, finissons sur un mashup de luxe, l’un des plus célèbres. En 2013, le Youtubeur John Smith s’amuse à créer une fausse bande-annonce faisant se rencontrer les deux séries britanniques les plus populaires du moment, Doctor Who et Sherlock. Il s’appuie ainsi sur le phénomène du « WhoLock », voire du « SuperWhoLock » qui intègre la série Supernatural, forgé par les fans. Si l’alliage comporte quelques imperfections – sur le visage remodelé de Matt Smith, puisque Smith a mélangé des plans des cinématiques du jeu vidéo avec ceux de la série – il fut néanmoins assez convaincant pour tromper certains spectateurs, qui crurent réellement que la BBC préparait un épisode spécial sur cette rencontre. En outre, la paternité commune de Steven Moffat, scénariste et producteur des deux séries, achevait de consolider le rêve.

La recherche de l’hommage et les pratiques nostalgiques

Après cette longue traversée dans et hors de Doctor Who, il est temps de revenir un peu à l’essence de cette série historiquement importante. La scission en deux crée la particularité de Doctor Who et existent aussi de nombreuses pratiques, plus analytiques que créatives, qui tentent de comprendre la logique de l’ensemble et les différents liens entre des saisons très différentes. Les montages de recensement des détails et des fluctuations affluent, et des timelines sont mises en place. Il s’agit alors d’opérer une intense sélection dans les épisodes et de réorganiser chronologiquement la matière. C’est le cas avec cette impressionnante vidéo qui traverse, dans l’ordre, les différentes ères choisies par les Docteurs, et ce, fait rare, en s’imprégnant autant des épisodes des années 2010 que ceux des années 1960 !

D’autres travaux apparaissent, comme ceux qui comparent les génériques et les mettent en parallèle pour saisir les nuances proposées par le temps :

D’autres, plus amusants et recherchés, proposent des jeux de morphing entre les différents visages du Docteur :

Cet exemple éclaire ce que cette dernière catégorie de mashup tente d’atteindre : le fait de compléter la série et de lui donner ce qui lui manque, d’imaginer des ponts entre ses différents morceaux. Cette dimension ne serait pas aussi forte si Doctor Who n’était pas une série soudainement remise au goût du jour, et marquée par un vide de vingt ans. En outre, il faut également souligner qu’elle est marquée par la disparition de certains de ses épisodes. Les cassettes étaient en effet régulièrement effacées jusqu’en 1978, et certains épisodes furent perdus. La BBC a alors entrepris, dans les années 1990, un véritable travail de recollection et de recollage des éléments. Des reconstructions sonores, puis visuelles, ont été opérées, mais certains manques sont toujours présents. Est-ce que la pratique de certains, à savoir retravailler les matières anciennes, voire la nouvelle, ne serait pas le moyen de rétablir une existence ? L’illusion n’est ici plus la même que celle des internautes s’imaginant voyager aux côtés du Maître du temps, mais verse du côté d’une nostalgie à entretenir et d’un rôle de conservateur du temple télévisuel. L’archivage survit en tout cas sur Internet, certains mettant en ligne beaucoup d’extraits de ces épisodes perdus. D’autres entreprennent aussi des expérimentations, restaurent les épisodes ou les colorisent.

https://www.youtube.com/watch?v=DZyXASW3rjs

Une telle existence de pratiques vidéastes entretenant l’hommage et la nostalgie ne sont pas à négliger dans le cadre de Doctor Who. Et, pour finir notre petit tour, autant revenir à la création de base elle-même – pour vous encourager à la découvrir ou à la revoir. Une dimension de mashup surgit, dans cette perspective d’hommage, dans l’épisode The Day of The Doctor, où est introduit Peter Capaldi, l’acteur actuel. Le changement d’enveloppe du Docteur se fait à travers une explosive ré-apparition de tous les précédents acteurs de ce rôle très convoité, où survivent pour un temps les vivants comme les disparus.